De la Passe de l'Eider

De la Passe de l'Eider Labrador Retriever

Labrador Retriever

PRESENTATION

PRESENTATION

Sélectionner pour Élever…

… Élever pour Sélectionner

 

Éleveuse de labradors depuis presque 30 ans,

ce n'est pas la mode qui a fait que j'ai choisi cette race.

Avec un père chasseur et éleveur " amateur " quelques gênes dominants ont dû se transmettre à sa descendance, c'est-à-dire MOI.



Notre premier labrador répondait au nom de Sonia.



J'ai 7 ou 8 ans, elle va à la chasse, et moi je l'habille de chapeau et de lunettes.

Elle accepte tout cela avec son caractère très LAB.



Mes reproducteurs sont pour la plus grande majorité RECOMMANDE

(cotation 4 SCC / RCF).

Tous les ans, ce sont 4 à 6 chiens qui passent les " épreuves ".



Lorsque l'on élève depuis plus de 20 ans la morphologie ne pose pas de problème,

il reste donc le tempérament.



Le labrador est le chien de chasse le moins vendu pour cela !

Évolution de la race ? Non… de la mode ? Oui.





Il est donc pour moi d'autant plus primordial de maintenir les qualités de chasse de mes chiens ! Maintenir les qualités indispensables pour le travail,

c'est maintenir le tempérament qui a fait la réputation du labrador.



Depuis 2009, j'ai la chance de pouvoir maintenant continuer ce travail avec mes 2 filles,

une nouvelle race est apparu et nous continuons notre travail de sélection toujours avec autant de rigueur...





Anne Marie LE ROUEIL

Mon Histoire

MON HISTOIRE


...A la maison, nous avions des setters anglais et notre
première labrador Sonia est déjà en photo avec moi affublée, elle ...
pas moi, d'un chapeau et d'une paire de lunettes. Je dois avoir sept ou
huit ans. Mais ce qui me plaît le plus dans cette description c'est
cette labrador avec, déjà, ce caractère si particulier. Je n'ai pourtant
pas oublié les chiots setter anglais et c'est certainement grâce à eux
que j'ai aimé les flat coated. A la maison, les chiens sont toujours
allés à la chasse. D'ailleurs, je ne me souviens pas d'une saison, sans
voir mon père préparer ses affaires et ses chiens attendre enfin le
moment où ils partiraient. Je n'ai pas souvenir être allée avec lui en
étant petite, par contre je me souviens bien du ball-trap, ce qui en fit
peut être un excellent tireur. Je me souviens du bassin aux poissons
rouges de M. et Mme Sauvan, affixe les Bressans, car ... je suis tombée
dedans !

La première fois que j'ai voulu l'accompagner à la chasse, j'étais très
fière ... de ma jupe longue très à la mode pour l'époque. J'ai vu le
sourire en coin mais je n'étais pas inquiète du tout ... jusqu'aux
premiers barbelés ! La première fois que je l'ai accompagné en field
trial, j'ai passé ma journée dans la voiture tant il faisait froid, me
demandant ce qu'il trouvait de bien à ce type de concours et me régalant
des truffes au chocolat qu'il avait confectionnées et qui étaient
destinées, il me pardonnera, à celui que j'appelai "papy Pelletier".

Et puis, j'ai grandi ... mais il y a toujours eu des chiens à la maison,
alors, lorsque je me suis mariée, devinez un peu ma première
revendication ? C'est comme cela qu'est arrivé Util, un mâle noir,
labrador bien sûr. Quelques expositions canines où là c'est moi qui
"traînais" un peu mon père tant il trouvait cela superflu. Et le virus
sous -jacent commença à m'envahir. A l'époque, il n'y avait presque
personne sur les rings dans notre race. Etant très conservatrice, j'ai
encore les catalogues de cette époque. Cela fait sourire lorsque l'on
voit ceux d'aujourd'hui !

Notre fils Michaël apprit à s'endormir bercé par les douces voies des
chiens aux travers des expositions que nous côtoyions. Puis est arrivée
Vénus de For Lugdunum, née chez mon père évidemment. Très prometteur au
Championnat de France en 1985, elle finit deuxième de la classe ouverte
au Championnat de France en 1986, parce qu'il lui manquait deux dents. A
l'époque, naïve, je pensais que ce défaut devait être très important
pour me voir mise à la deuxième place pour quelque chose ... qui ne se
voyait pas ! Aujourd'hui, cela me fait sourire ! La même année Util
gagna son premier CACIB et nous fût volé le lendemain. J'ai longtemps
gardé son carnet de vaccination et sa carte de tatouage à mes côtés
jusqu'au jour où je me suis dit, qu'avec l'âge qu'il devait avoir, il ne
devait plus être de ce monde.

Entre temps, mon mari étant militaire, nous nous sommes retrouvés mutés
en Allemagne : avec nos deux chiens évidemment. Enceinte de Nathalie, je
ne pouvais me résoudre à accoucher là bas et revint en France, chez mon
père. Les jours de cafard, il y a une autre activité que nous aimions
bien faire : visiter des maisons. J'appris donc à Michel par téléphone
que je venais de trouver la maison de nos rêves. Il me proposa de
l'acheter avant même de l'avoir vue.



1986 : naissance de Nathalie, achat de la maison, naissance de l'affixe "La passe de l'eider" avec une première portée ...

Pour cette première portée, et même la suivante, je choisis comme étalon
Kupros Lucifer. Ma chienne était radiographiée et la lecture faite par
le Retriever Club de France, auquel j'avais adhéré pour ne jamais depuis
m'en défaire malgré les turbulences ! J'ai aujourd'hui encore la
naïveté de croire en la nature humaine... La lecture de cette radio fut
enregistrée sous le numéro 89.C'est ainsi que naquît Bacchus. Il devint
Champion International de beauté et Trialer à moins de deux ans et fut
la vedette de la publicité télé de "Pedigree-Pal". Ce fut une expérience
fantastique : l'élevage s'était agrandi et nous sommes descendus dans
le midi avec nos treize chiens ... ce qui affola un temps soit peu le
réalisateur mais ravit l'ensemble de la production lorsqu'ils virent
comment nos chiens se comportaient. Cela m'a attiré également les
foudres d'une éleveuse qui ne comprenait pas pourquoi ce n'était pas
elle qui avait été choisie, mes chiens étant nuls évidemment ! Avec le
recul, je m'aperçois que je commençais seulement à apprendre ...

1988 naissance de notre troisième enfant : Kelly, ou comment apprendre à
éduquer ses enfants tout en s'occupant de ses chiens. Mais une chose
est sûre, même si j'aime mes chiens, il y a d'abord mon mari et mes
enfants, ma famille et mes amis et ensuite mes chiens.



Pour moi, dans la vie il y aura toujours certaines priorités ...

Mais vous allez voir que les chiens vont pourtant nous faire faire un
truc pas possible .1989, alors que nous galérons pour payer les crédits
voilà pas que les voisins se plaignent du bruit ! Je reverrai toujours
la tête de mon mari, lorsqu'il est venu me dire que les voisins avaient
encore fait des remarques : "on déménage" ai-je répondu. J'étais en
train de nettoyer mes chenils. J'ai tout arrêté, mis les enfants dans la
voiture et nous sommes partis prospecter ... C'est comme cela que nous
avons atterri à Chatillon la palud, sur une propriété de 16 hectares,
avec encore plus de crédits sur le dos ! Certains collègues nous ont
traités de fous. Nous venions d'investir dans des parcs pour nos chiens,
c'est le bulldozer qui les a détruits !

La maison était habitable, il nous fallait donc aménager pour les
chiens. Il paraît que certains font chambre à part, avec mon mari, nous
avons fait maison à part pendant trois mois : reconstruire une
maternité, faire des parcs, puis faire un étang. Mais il paraît que
lorsque l'on est professionnel on n'aime pas ses chiens...

Cette même année, je passai et obtins mon permis de chasse. Première
journée dans un monde d'hommes. J'avais la chance d'être accompagnée de
deux des hommes de ma vie : mon mari et mon père, le troisième étant mon
fils. Mon père demanda à mon mari, pour ma première journée de chasse,
de bien vouloir lui laisser sa fille. Dans un carré de maïs, des
perdreaux s'envolèrent. Je tirai. Ce fut ma première pièce. Pourtant,
aujourd'hui encore, je ne peux m'empêcher de penser que mon père avait
pu tirer en même temps que moi...



J'ai l'impression de parler beaucoup de chasse mais pour moi, le
caractère est primordial dans une race. Un labrador qui grogne, cela
n'est pas normal, un labrador que l'on est obligé d'éloigner de ses
congénères sur un ring, ce n'est pas normal, des draps sur les cages en
exposition pour éviter que les labradors aboient et grognent après tout
ce qui passe devant, ce n'est pas normal.

Pendant près de quinze ans, nous avons couru les expositions canines et
les Fields trial, parfois avec succès, parfois moins... mais toujours en
gardant les pieds sur terre. Tout faire pour gagner n'a jamais été ma
philosophie. Notre fille Kelly fait aujourd'hui partie de ce que l'on
appelle la filière haut niveau, en gymnastique. Elle est classée
septième en "espoir», et pourtant... Je lui ai toujours appris une
chose, en compétition, "apprendre à perdre" ne s'apprend pas, c'est la
vie qui s'en charge, le plus difficile c'est "apprendre à gagner". On ne
gagne pas parce que l'autre est mauvais mais parce qu'on a été meilleur
ce jour là, on ne marche pas sur la tête de son voisin qui est tombé,
on l'aide à se relever. Car plus important encore que les victoires on
doit pouvoir se regarder dans une glace sans honte de ce que nous avons
fait ou dit... Si vous êtes attiré par la championnite, ce n'est pas
chez nous qu'il faut venir. Gagner, oui, cela fait plaisir, mais perdre
n'est pas une fin en soi. Depuis que mon mari a posé sa candidature de
juge, j'ai pensé que l'on ne pouvait être "juge et partie" et je n'ai
plus sorti de chiens et pourtant... Alors qu'il naît huit mille
labradors par an, qu'il existe une bonne centaine d'élevages, l'affixe
La Passe de l'Eider est, encore cette année, au classement des meilleurs
élevages de l'année. Sans avoir fait un seul déplacement, simplement
grâce à quelques chiens de passionnés qui tournent en exposition et en
field... et cela me suffit. 1998 La candidature de juge en retrievers de
mon mari ! Voilà un évènement qui a fait couler de l'encre... et sortir
les langues de vipère : Et bien, oui il a posé sa candidature. Non, il
n'est pas là par hasard. Oui il a bossé et passé ses examens. Non pas
besoin de livre sous la table. Oui il a réussi. Non personne ne s'est
opposé à sa qualification. Et oui, il est apprécié. Alors, bravo à lui
car moi, je n'en aurai pas fait autant...



Etre jaloux, c'est envier ce qu'a l'autre et que l’on n’a pas.



C'est aussi cette année là que mon père nous a quittés.

Il avait débuté ses Fields trial avec ses setters, en Italie. Lors du
dernier field pour retrievers que nous avons organisés sur nos terrains
de chasse, le trophée portant son nom fut gagné par un italien...

En fait je comprends aujourd'hui, pourquoi il préférait aller à la
chasse. Alors je continue mon élevage avec la même philosophie : essayer
de faire naître des chiots qui vont satisfaire les familles qui les
auront. Et croyez moi, j'ai des amis... des amis éleveurs... des amis
éleveurs de labradors...



Anne-Marie Le Roueil


 

Les éleveurs professionnels sont ils tous des "marchands de chiens"


 Longtemps devant ma feuille blanche j'ai réfléchi au moyen d'aborder ce sujet.

Alors j'ai commencé par lire mon dictionnaire. Et j'ai souri ! J'ai
souri parce que dans mon dictionnaire, il y a écrit que l'opposé de
professionnel, c'est amateur. Décidemment, les idées préconçues sont
difficiles à supprimer ! Même le dictionnaire s'en mêle. Mais il y a
aussi écrit que professionnel, c'est être une personne de métier, un
spécialiste et amateur, une personne qui aime, qui cultive un art pour
son seul plaisir, un sportif qui pratique sans recevoir de
rémunérations… Et puis il y a aussi le mot marchand, qui représente
quelqu'un qui fait profession de vendre, qui achète et qui revend.

Alors moi j'aimerai que l'on m'explique comment est ce que l'on peut
être un professionnel du chien sans aimer ce que l'on fait et comment on
peut dire aimer, sans être un spécialiste ? Et pourtant, nous savons
tous que nous avons des brebis galeuses dans les deux camps. Et
d'ailleurs, pourquoi parlerai-je de camp ? Sommes-nous en guerre, les
uns contre les autres, ou sommes-nous enfin capables de trouver un sujet
qui nous rapproche, un terrain de discussion. Il est certes plus
difficile de rapprocher les gens que d'essayer de les opposer, mais on
peut toujours essayer.

Je vous pose la question. Pourquoi dois-je avoir honte de vendre mes
chiots pour vivre ? Est-ce que je dois être qualifiée de " marchande de
chiens " ? Le boulanger a-t-il honte de vendre son pain à un Rmiste ? Je
suis tout à fait capable de comprendre qu'une personne fasse une portée
pour garder un descendant d'une super chienne d'expo ou d'un étalon
pour lequel on fait des kilomètres pour glaner titre après titre. Mais
lorsque cela se transforme en argent facile pour se payer ses vacances
d'été ou ses cadeaux de Noël, comprenez que cela énerve un peu… Mais
aussi, entendre dire que l'on ne tire aucun revenu de son élevage ou que
l'on est déficitaire parce que l'on va s'éclater dans sa passion le
week end, n'est ce pas pousser le bouchon, parfois, un peu trop loin ?
Imaginez que je sois une excellente pâtissière. Faire des gâteaux c'est
mon truc à moi, mon petit plaisir du week end. Vais-je pouvoir les
vendre sans que l'on ne me dise rien ? Et vais-je me dire meilleure que
le pâtissier de mon village ? Parce que les idées reçues en cynophilie,
c'est cela aussi : il y a les " amateurs de l'élevage " qui sont les
super cracks de la cynophilie et les " professionnels de l'élevage " qui
sont les méchants parce qu'ils vendent leurs chiots pour faire vivre
leur famille. Ceux qui pensent encore cela, s'ils n'ont pas envie
d'essayer de modifier un peu leur opinion, d'aller voir un peu plus loin
que le bout de leur nez, prenons la décision de considérer que,
finalement, c'est leur problème. Ils vieilliront avec leurs idées
archaïques. Point.

Prenons maintenant le temps de discuter avec la génération qui a envie de voir et savoir ce qui se passe chez l'autre.

Faire naître vingt, trente, cinquante ou cent chiots par an, ce n'est
pas tant cela le plus important. Peu importe le nombre, on peut toujours
faire des chiots de qualité. Encore faut-il s'en donner les moyens. Ce
qui est primordial ce n'est pas combien mais comment vous le faites.
Faire naître cent chiots avec dix lices, ce n'est pas comme les faire
naître avec vingt… Il y a ceux qui font reproduire leurs chiennes à
douze mois et ceux qui le font à deux ans, il y a ceux qui font
reproduire une chienne de huit ou neuf années et ceux qui arrêtent à six
ou sept, il y a ceux qui prennent leurs chiennes pour des utérus et il y
a les autres… En France aujourd'hui 900 000 chiots sont cédés tous les
ans, dont 650 000 sont issus d'une " nébuleuse ". Cela représente une
activité économique importante, en dehors de tout contrôle, de toute
réglementation. En langage clair, cela s'appelle du travail dissimulé.
En face, nous avons environ 700 jeunes qui sortent, par année, des
écoles de formation espérant vivre un jour de leur passion. Que
diriez-vous si votre fils ou votre fille choisissait une branche
professionnelle où l'on est montré du doigt parce que l'on est
professionnel ?

Un professionnel c'est celui qui passe ses journées entières avec ses
chiens, 365 jours sur 365. C'est celui qui a fait de lourds
investissements financiers pour que ses chiens aient les meilleures
conditions de vie possibles, c'est celui qui a pris le parti de
respecter ses animaux. C'est aussi celui qui a souvent fait l'impasse
sur sa vie familiale : pas de 35 heures, pas de jour férié, pas de week
end, pas de vacances. La passion n'est elle pas folie ? Connaissez vous
beaucoup de gens assez fous de leur travail pour faire cela ? Je refuse
d'entendre dire que parce que l'on produit plus, on produit mal. J'élève
depuis 17 ans et depuis 17 ans je fais les contrôles de tares
héréditaires recherchées dans ma race. Près de quarante chiens sont
contrôlés tous les ans pour les tares oculaires, tous mes chiens passent
au moins le Test d'Aptitude Naturel, certains sont recommandés,
d'autres élites. Et actuellement je fais même quelques radios de hanches
sur mes chiots de deux mois ! Pour voir… pour savoir. J'ai fait de
nombreuses expositions canines et concours de travail, aujourd'hui
j'estime avoir assez barreaudé à droite et à gauche. Mon mari est juge
de la Société Centrale Canine. Je continue à me faire plaisir, à voir de
beaux chiens, à découvrir d'autres races. Tout cela de l'autre côté de
la barrière, sans faire la queue le matin…

Et pourtant, même si beaucoup d'éleveurs professionnels caracolent dans
les grands prix… ce qui peut se faire lorsque l'on a trois ou quatre
chiens, n'est pas forcément applicable lorsque l'on en a cinquante. Et
là, je parle des expositions canines qui représentent un budget
important. Est-ce parce que tous les chiens de l'élevage ne vont pas en
exposition, qu'ils sont de mauvais chiens ?

Je peux aussi vous faire la liste de ce qu'un professionnel doit payer
comme charges et vous serez peut être surpris d'apprendre que l'an
dernier, mon élevage bien que déficitaire a eu à supporter la charge de
près de 4 500 euros de cotisations sociales.

Mais, j'espère que vous serez surtout étonnés de savoir que mes chiennes
partent en retraite, à six ans, stérilisées, et certaines après une
carrière de … deux portées !



L'élevage de LA PASSE DE L'EIDER est né en 1986 avec ma première portée :
cette portée était déclarée au fisc et dedans il y avait un champion !
Cette année là, j'étais juste un peu plus jeune qu'aujourd'hui, mais ce
que je voulais par-dessus tout, c'était être "pro" et reconnue comme
telle. Je me suis ensuite déclarée à la Direction des Services
Vétérinaires de mon département, et j'ai pris contact avec la Mutualité
Sociale Agricole. Et là, on a commencé à me parler de nombre d'heures.
Je n'en faisais pas suffisamment : on m'a refusé. Il est incroyable de
voir en France que lorsque l'on veut se mettre en conformité avec les
administrations, on peut se heurter à des problèmes purement…
administratifs. Ayant un peu compris le système, j'ai trouvé comment
justifier des 1200 heures indispensables à mon affiliation. Elles
allaient m'aider à aboutir à mon objectif de départ : être reconnue
comme professionnelle. Très contente de moi, je commençai aussi un peu
les expositions canines. Et alors là ! Surprise ! Première règle : ne
pas dire que l'on est professionnel… c'est très mal vu. J'ai dès lors
fait mon cheval de bataille de prouver que l'on pouvait être un bon
éleveur et un bon professionnel. 



C'est probablement pour cela aujourd'hui que je suis Présidente du
Syndicat National des Professionnels du Chien et du Chat où j'ai adhéré
il y a plus de quinze années. Je suis aussi adhérente du Retriever Club
de France depuis plus de quinze ans ! Le syndicat que je représente de
par ma fonction, regroupe plus de 500 professionnels, du jamais vu si
l'on tient compte d'un paramètre qui n'est pas négligeable : la
cotisation est de 95 euros. Nous regroupons des acteurs cynophiles et
félinophiles qui n'ont pas toujours les mêmes opinions sur tout mais qui
roulent sur la même route…

Pour moi, être professionnelle, c'est une qualité. Je revendique de
l'avoir fait, j'en suis fière… fière d'avoir fait de ma passion, mon
métier.

Le plaisir d'aller en exposition le week end, c'est se comporter en
amateur. S'abstenir d'aller tenter de gagner le CACIB qui nous manque,
même si l'on a réglé le montant de son engagement, parce que l'on
soupçonne une toux de chenil, c'est se comporter en professionnel.

Garder le chiot dont on rêve qu'il va être un futur champion, c'est
réagir en amateur. Prendre la décision de ne pas le faire parce que
notre nombre de chiens sera trop élevé, en fonction de l'espace que l'on
peut leur fournir, c'est réagir en professionnel.

Pour moi, être ELEVEUR est indissociable d'être PROFESSIONNEL. Et être PROFESSIONNEL est indissociable d'être AMATEUR.

C'est avant tout, ne jamais oublier que notre rôle consiste à faire
vivre nos chiens dans les meilleures conditions sanitaires possibles, en
respectant leur état physiologique.

C'est ne pas confondre élevage et collection de chiens, en sachant
réguler le nombre d'adultes que nous pouvons décemment accueillir.

C'est donner la vie : faire naître des chiots sains, les faire grandir en respectant leur identité, en modelant leur caractère.

C'est trouver des familles d'accueil en prenant le temps de leur
expliquer qu'ils viennent de prendre un engagement de plusieurs années
et que nous serons là pour les aider.

C'est une passion, c'est un art, c'est un métier qui n'est pas à la portée du premier venu.

Alors, finalement qui est le marchand de chiens dans cette histoire ?

Pour moi, être marchand de chiens, c'est ne pas faire tout ce que j'ai cité précédemment…


Anne Marie LE ROUEIL

Intervention au séminaire de la Société Française de Cynotechnie en 2003.