de la Passe de l'Eider

de la Passe de l'Eider Labrador Retriever

Labrador Retriever

Mon Histoire

MON HISTOIRE


...A la maison, nous avions des setters anglais et notre
première labrador Sonia est déjà en photo avec moi affublée, elle ...
pas moi, d'un chapeau et d'une paire de lunettes. Je dois avoir sept ou
huit ans. Mais ce qui me plaît le plus dans cette description c'est
cette labrador avec, déjà, ce caractère si particulier. Je n'ai pourtant
pas oublié les chiots setter anglais et c'est certainement grâce à eux
que j'ai aimé les flat coated. A la maison, les chiens sont toujours
allés à la chasse. D'ailleurs, je ne me souviens pas d'une saison, sans
voir mon père préparer ses affaires et ses chiens attendre enfin le
moment où ils partiraient. Je n'ai pas souvenir être allée avec lui en
étant petite, par contre je me souviens bien du ball-trap, ce qui en fit
peut être un excellent tireur. Je me souviens du bassin aux poissons
rouges de M. et Mme Sauvan, affixe les Bressans, car ... je suis tombée
dedans !

La première fois que j'ai voulu l'accompagner à la chasse, j'étais très
fière ... de ma jupe longue très à la mode pour l'époque. J'ai vu le
sourire en coin mais je n'étais pas inquiète du tout ... jusqu'aux
premiers barbelés ! La première fois que je l'ai accompagné en field
trial, j'ai passé ma journée dans la voiture tant il faisait froid, me
demandant ce qu'il trouvait de bien à ce type de concours et me régalant
des truffes au chocolat qu'il avait confectionnées et qui étaient
destinées, il me pardonnera, à celui que j'appelai "papy Pelletier".

Et puis, j'ai grandi ... mais il y a toujours eu des chiens à la maison,
alors, lorsque je me suis mariée, devinez un peu ma première
revendication ? C'est comme cela qu'est arrivé Util, un mâle noir,
labrador bien sûr. Quelques expositions canines où là c'est moi qui
"traînais" un peu mon père tant il trouvait cela superflu. Et le virus
sous -jacent commença à m'envahir. A l'époque, il n'y avait presque
personne sur les rings dans notre race. Etant très conservatrice, j'ai
encore les catalogues de cette époque. Cela fait sourire lorsque l'on
voit ceux d'aujourd'hui !

Notre fils Michaël apprit à s'endormir bercé par les douces voies des
chiens aux travers des expositions que nous côtoyions. Puis est arrivée
Vénus de For Lugdunum, née chez mon père évidemment. Très prometteur au
Championnat de France en 1985, elle finit deuxième de la classe ouverte
au Championnat de France en 1986, parce qu'il lui manquait deux dents. A
l'époque, naïve, je pensais que ce défaut devait être très important
pour me voir mise à la deuxième place pour quelque chose ... qui ne se
voyait pas ! Aujourd'hui, cela me fait sourire ! La même année Util
gagna son premier CACIB et nous fût volé le lendemain. J'ai longtemps
gardé son carnet de vaccination et sa carte de tatouage à mes côtés
jusqu'au jour où je me suis dit, qu'avec l'âge qu'il devait avoir, il ne
devait plus être de ce monde.

Entre temps, mon mari étant militaire, nous nous sommes retrouvés mutés
en Allemagne : avec nos deux chiens évidemment. Enceinte de Nathalie, je
ne pouvais me résoudre à accoucher là bas et revint en France, chez mon
père. Les jours de cafard, il y a une autre activité que nous aimions
bien faire : visiter des maisons. J'appris donc à Michel par téléphone
que je venais de trouver la maison de nos rêves. Il me proposa de
l'acheter avant même de l'avoir vue.



1986 : naissance de Nathalie, achat de la maison, naissance de l'affixe "La passe de l'eider" avec une première portée ...

Pour cette première portée, et même la suivante, je choisis comme étalon
Kupros Lucifer. Ma chienne était radiographiée et la lecture faite par
le Retriever Club de France, auquel j'avais adhéré pour ne jamais depuis
m'en défaire malgré les turbulences ! J'ai aujourd'hui encore la
naïveté de croire en la nature humaine... La lecture de cette radio fut
enregistrée sous le numéro 89.C'est ainsi que naquît Bacchus. Il devint
Champion International de beauté et Trialer à moins de deux ans et fut
la vedette de la publicité télé de "Pedigree-Pal". Ce fut une expérience
fantastique : l'élevage s'était agrandi et nous sommes descendus dans
le midi avec nos treize chiens ... ce qui affola un temps soit peu le
réalisateur mais ravit l'ensemble de la production lorsqu'ils virent
comment nos chiens se comportaient. Cela m'a attiré également les
foudres d'une éleveuse qui ne comprenait pas pourquoi ce n'était pas
elle qui avait été choisie, mes chiens étant nuls évidemment ! Avec le
recul, je m'aperçois que je commençais seulement à apprendre ...

1988 naissance de notre troisième enfant : Kelly, ou comment apprendre à
éduquer ses enfants tout en s'occupant de ses chiens. Mais une chose
est sûre, même si j'aime mes chiens, il y a d'abord mon mari et mes
enfants, ma famille et mes amis et ensuite mes chiens.



Pour moi, dans la vie il y aura toujours certaines priorités ...

Mais vous allez voir que les chiens vont pourtant nous faire faire un
truc pas possible .1989, alors que nous galérons pour payer les crédits
voilà pas que les voisins se plaignent du bruit ! Je reverrai toujours
la tête de mon mari, lorsqu'il est venu me dire que les voisins avaient
encore fait des remarques : "on déménage" ai-je répondu. J'étais en
train de nettoyer mes chenils. J'ai tout arrêté, mis les enfants dans la
voiture et nous sommes partis prospecter ... C'est comme cela que nous
avons atterri à Chatillon la palud, sur une propriété de 16 hectares,
avec encore plus de crédits sur le dos ! Certains collègues nous ont
traités de fous. Nous venions d'investir dans des parcs pour nos chiens,
c'est le bulldozer qui les a détruits !

La maison était habitable, il nous fallait donc aménager pour les
chiens. Il paraît que certains font chambre à part, avec mon mari, nous
avons fait maison à part pendant trois mois : reconstruire une
maternité, faire des parcs, puis faire un étang. Mais il paraît que
lorsque l'on est professionnel on n'aime pas ses chiens...

Cette même année, je passai et obtins mon permis de chasse. Première
journée dans un monde d'hommes. J'avais la chance d'être accompagnée de
deux des hommes de ma vie : mon mari et mon père, le troisième étant mon
fils. Mon père demanda à mon mari, pour ma première journée de chasse,
de bien vouloir lui laisser sa fille. Dans un carré de maïs, des
perdreaux s'envolèrent. Je tirai. Ce fut ma première pièce. Pourtant,
aujourd'hui encore, je ne peux m'empêcher de penser que mon père avait
pu tirer en même temps que moi...



J'ai l'impression de parler beaucoup de chasse mais pour moi, le
caractère est primordial dans une race. Un labrador qui grogne, cela
n'est pas normal, un labrador que l'on est obligé d'éloigner de ses
congénères sur un ring, ce n'est pas normal, des draps sur les cages en
exposition pour éviter que les labradors aboient et grognent après tout
ce qui passe devant, ce n'est pas normal.

Pendant près de quinze ans, nous avons couru les expositions canines et
les Fields trial, parfois avec succès, parfois moins... mais toujours en
gardant les pieds sur terre. Tout faire pour gagner n'a jamais été ma
philosophie. Notre fille Kelly fait aujourd'hui partie de ce que l'on
appelle la filière haut niveau, en gymnastique. Elle est classée
septième en "espoir», et pourtant... Je lui ai toujours appris une
chose, en compétition, "apprendre à perdre" ne s'apprend pas, c'est la
vie qui s'en charge, le plus difficile c'est "apprendre à gagner". On ne
gagne pas parce que l'autre est mauvais mais parce qu'on a été meilleur
ce jour là, on ne marche pas sur la tête de son voisin qui est tombé,
on l'aide à se relever. Car plus important encore que les victoires on
doit pouvoir se regarder dans une glace sans honte de ce que nous avons
fait ou dit... Si vous êtes attiré par la championnite, ce n'est pas
chez nous qu'il faut venir. Gagner, oui, cela fait plaisir, mais perdre
n'est pas une fin en soi. Depuis que mon mari a posé sa candidature de
juge, j'ai pensé que l'on ne pouvait être "juge et partie" et je n'ai
plus sorti de chiens et pourtant... Alors qu'il naît huit mille
labradors par an, qu'il existe une bonne centaine d'élevages, l'affixe
La Passe de l'Eider est, encore cette année, au classement des meilleurs
élevages de l'année. Sans avoir fait un seul déplacement, simplement
grâce à quelques chiens de passionnés qui tournent en exposition et en
field... et cela me suffit. 1998 La candidature de juge en retrievers de
mon mari ! Voilà un évènement qui a fait couler de l'encre... et sortir
les langues de vipère : Et bien, oui il a posé sa candidature. Non, il
n'est pas là par hasard. Oui il a bossé et passé ses examens. Non pas
besoin de livre sous la table. Oui il a réussi. Non personne ne s'est
opposé à sa qualification. Et oui, il est apprécié. Alors, bravo à lui
car moi, je n'en aurai pas fait autant...



Etre jaloux, c'est envier ce qu'a l'autre et que l’on n’a pas.



C'est aussi cette année là que mon père nous a quittés.

Il avait débuté ses Fields trial avec ses setters, en Italie. Lors du
dernier field pour retrievers que nous avons organisés sur nos terrains
de chasse, le trophée portant son nom fut gagné par un italien...

En fait je comprends aujourd'hui, pourquoi il préférait aller à la
chasse. Alors je continue mon élevage avec la même philosophie : essayer
de faire naître des chiots qui vont satisfaire les familles qui les
auront. Et croyez moi, j'ai des amis... des amis éleveurs... des amis
éleveurs de labradors...



Anne-Marie Le Roueil